Quelle étrange rencontre ! | Ayama Okashi

Il devait être un peu moins de midi, étant donné qu'il n'y avait presque personne dans le parc. Bien sûr, cela m'arrangeait, je préférais ne pas avoir à me promener entourée de personns désagréables et agaçantes. Je préférais de loin profiter de l'air frais et du soleil léger qui nous faisait honneur de sa présence. Lorsque j'étais arrivé au bord de la pelouse, j'avais hésité un instant, puis m'étais remise en marche. Je n'avais aucune idée de ce que je souhaitais faire. Me promener, c'était tout. Pour le reste, je verrais bien, j'improviserais.
Enveloppée dans ma veste, je continuai mon chemin, jetant sans cesse des regards à gauche puis à droite. Une personne qui ne me connaissait pas se serait sans doute posée beaucoup de questions... Une jeune fille seule, si elle est ne serait-ce qu'un peu élégante, ne se comporte pas d'une telle manière. A mes yeux, cela n'avait rien de particulier... Je cherchais quelqu'un. Cette personne que je semble être la seule à voir, qui paraît n'exister que pour moi. Cette personne qui, habituellemnt, est toujours avec moi. Là, pourtant, j'étais seule. Je n'aimais pas être entourée par les autres, mais je détestais être loin de lui, Akemi. En réalité, nous formions un tout, un duo qui ne pouvait être séparé.

Bref, les choses étaient ainsi, moi, inquiète, marchant à travers la verte et brillante pelouse, les autres ailleurs. Finalement, je m'arrêtai. Chercher ne servait à rien, on me l'avait déjà dit. Les médecins m'avaient expliqué cela un nombre incalculable de fois... "T'énerver et t'exciter n'est pas une bonne chose, tu doit être patient voyons... Si ton ami n'est pas là, tu ne dois pas être inquiet." Evidement ! Ils ne comprenaient rien ! Leurs "patient", leurs "inquiet" ! Ils continuaient de dire que je n'étais pas ce que je pensais être... Leur "ami", ils n'avaient pas compris qu'Akemi comptait beaucoup plus que cela à mes yeux ? Ooooh...

Je m'assis à même le sol, avec l'herbe humide pour ammortir ma chute. Eh oui, mon derrière allait être tout vert...
Je relevai mes genoux et posai mon menton dessus, pour réfléchir et me détendre un peu. De loin, je devais ressembler à une boule... Une grosse boule au milieu de la pelouse... Enfin, une boule avec de longs cheveux noirs et soyeux qui retombaient le long de son corps ; avec des yeux brillants quis emblaient à la fois tristes, inquiets, déçus et nerveux. Que d'émotions dans le regard d'une boule, vraiment...

Je commençais doucement à avoir faim, mais préférai rester là pour profiter un peu du calme du parc, plutôt que de retourner auprès de tous les autres. Il faisait plutôt bon. Il était vrai que l'air était assez frais, mais avec ma veste et le soleil qui caressait doucement mon dos, c'était tout à fait supportable. J'aurais même pu aller jusqu'à dire que c'était agréable. Pour être honnête, je n'aimais pas du tout la chaleur. Au delà de vingt degrés, je commençais à trouver qu'il faisait chaud... J'avais toujours eu un corps très sensible à beaucoup de choses.

Le visage appuyé sur mes genoux, je me plongeai dans mes pensées, si bien que je n'eus plus vraiment conscience de se qui se passait autour de moi, j'étais dans mon monde, à moitié endormi. Certains auraient dit que j'étais dans la lune. Ca m'arrivait souvent après tout...

« WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

A quelques pas de la jeune personne aux longs cheveux noirs, une fillette, les bras chargés d'un énorme sac, tombant à la renverse. Ce fut dans ce hurlement très peu féminin qu'elle s'écrasa par terre de tout son long, assez pour qu'on puisse voir nettement sa queue sombre et féline et ses oreilles repliées en arrière. Pour ce qui était du sac pesant, il avait volé un peu plus loin, de telle façon que tout ce qu'il contenait -à savoir fruits, friandises et gâteaux de toutes sorte- alla rouler au pied de l'élève aux cheveux noirs. Des regards se tournèrent dans la direction de la neko, quelques rires éclataient. Il était difficile de savoir si c'était pour sa magistrale chute ou pour ses attributs animaux qu'on se moquait d'elle, et d'ailleurs, la jeune Amaya n'en avait cure. Elle se redressa tant bien que mal, égratignée un peu partout, et secoua ses oreilles de telle manière à ôter toute la terre qui s'y était déposée. Alala. La voila couverte de poussière. C'était Rémilia qui n'allait pas être contente...

Mais avant tout, que faisait donc la jeune directrice de Kachiku dans un tel lieu ? C'était sûrement la question plus importante, dans ce moment embarrassant.

« AMAYA ! Reviens là immédiatement ! »

Avec un espèce de gémissement désespérée, la concernée s'était brusquement faite attrapé la jambe par sa sœur, Rémilia, connu pour sa mauvaise humeur matinale. En fait, elle était de mauvaise humeur tout le temps, mais là n'était pas la question. Ammy poussa un grognement avant de se faire tirée vers sa sœur en furie. La réveiller de si bonne heure pour lui demander si elle pouvait cambrioler le frigidaire avait été, après réflexion, une très mauvaise idée. Elle s'est était rendu compte au moment même où Rémimi avait levé les yeux sur elle -un regard assez extraordinaire, qui mêlait haine de démons de film d'horreur avec des cernes qui avait pour effet de souligner des yeux terrifiants. C'était certain : on ne reprendrait plus jamais la jeune directrice à réveiller sa sœur. D'une voix apeurée et larmoyante, la jeune Neko rampait sur le sol avec la force du désespoir, appelant sa seconde sœur à tue-tête. Ce fut avec un soulagement indescriptible que Amaya vit White s'engager sur le seuil de la chambre, prête à tuer tout cambrioleur qui oserait s'en prendre à ses sœurs. Pourtant, en voyant la scène, elle se mit à éclater de rire, sous une Ammy écarlate et une Rémilia courroucée.

Au final, la punition n'avait pas été trop sévère, vu qu'on avait juste demander à Ammy d'aller acheter de quoi manger, si elle s'ennuyait tant que ça.

D'une façon ou d'une autre, il semblait qu'Amaya sans soit tirée sans séquelles, et cette théâtrale chute avait été moindre comparer au châtiment que lui aurait préparer Rémimi. C'est donc avec sa joie habituelle que la petite directrice entrepris de ramasser fruits, friandises et gâteaux, étalés sur le sol du parc, et sous le regard hilare des quelques spectateurs.